Les lecteurs qui commencent à réfléchir à la retraite ou espèrent atteindre un jour une forme d’autonomie financière auraient intérêt à lire très attentivement les lignes qui suivent. Le concept de la retraite pour une majorité d’entre nous signifie « vivre de ses rentes » à 65 ans, ou mieux, à 60 ans. Mais dans les faits, plusieurs négligent des détails très importants qui pèsent sur leur sécurité financière.

Les belles images des publicités de produits financiers pour REER et CELI montrent des couples dans la fin de la cinquantaine, tout sourire, faisant de la voile, jouant au golf ou déambulant dans les ruelles de Naples… Ces images ne resteront qu’un mirage si on ne se prépare pas suffisamment. Voici les trois erreurs les plus fréquentes à éviter :

1- Négliger la planification de sa retraite

C’est l’ERREUR la plus importante qu’on pourrait commettre. Si vous avez réussi à prendre votre retraite à l’âge désiré, il faut impérativement continuer à faire un budget et à automatiser les dépenses récurrentes par prélèvements et versements automatiques. Autrement dit, il faut agir comme vous le faisiez avec votre paye! On doit se débrouiller avec des dépôts réguliers de montants fixes et éviter à tout prix de puiser dans ses placements à la moindre occasion.

Au moins une fois l’an, on doit revoir tous les postes budgétaires et ajuster les dépenses et les revenus en fonction de l’inflation, cet ennemi sournois qui nous gruge 1 % à 3 % de notre pouvoir d’achat par an.

Si vous consacrez 100 $ par semaine en épicerie et restaurants, il vous en coûtera 5 200 $ annuellement. Considérant un taux d’inflation de 2 % pour acheter les mêmes items à l’épicerie et consommer exactement les mêmes repas dans vos restaurants préférés, vous devrez débourser 7 727$ dans 20 ans. Sans planification budgétaire, votre pouvoir d’achat sera diminué de 2 527$. Et ce sera la même chose pour les taxes municipales, les frais de transport, le logement, les assurances, les loisirs et j’en passe!

Il faudra être encore plus prévoyant en ce qui concerne les soins de santé, les médicaments et autres. Les maladies dégénératives ou invalidantes peuvent bousculer tous nos plans et miner notre budget. Sans assurance adéquate, plusieurs retraités s’appauvrissent significativement.

2- Ne pas répartir stratégiquement vos différents placements

La répartition est LA protection ultime contre les effets pernicieux de l’inflation. Disperser aléatoirement ses différents comptes d’investissements ou les concentrer dans un seul et même produit est une des erreurs les plus coûteuses que vous devez éviter de commettre. Il faut penser comme une caisse de retraite. Une fois à la retraite on ne cesse pas d’investir dans les actions et les titres à dividendes. Pour financer 20 ou 30 ans de retraite, la diversification est un allié précieux.

C’est votre profil de tolérance à la volatilité qui détermine le pourcentage cible de chaque catégorie. Ainsi, pour un investisseur retraité au profil modéré, on pourrait voir 65 % en obligations et liquidité, 12 % en actions canadiennes, 10 % en actions américaines, 8 % en actions internationales et 5 % en titres immobiliers. Comme une caisse de retraite respectable et efficace, il faudra voir à balancer régulièrement les proportions et ajuster la composition en fonction des variations du contexte économique. Deux rencontres annuelles avec un professionnel de confiance pour valider la pertinence de votre portefeuille me semblent suffisantes.

3- Négliger la fiscalité des placements hors régimes

Cela peut vous coûter TRÈS cher de ne pas y voir! L’impôt et les taxes représentent facilement plus de 40 % des dépenses des ménages canadiens. C’est davantage que la somme des déboursés en logement, en nourriture, en transport et en vêtements annuellement. On doit tous payer notre dû, mais il faut veiller à payer notre juste part.

À ce sujet, les retraités doivent porter une attention de tous les instants au traitement fiscal des revenus de leurs actifs qui ne sont pas dans un FERR, FRV, REER, CELI et autres régimes enregistrés. Ainsi, vos revenus de loyers et ceux provenant de vos actifs (placés dans des certificats de dépôt directement dans des obligations et autres produits générateurs d’intérêt) seront imposés au taux maximum. Une répartition stratégique viendra en diminuer l’impact.

Il faut également considérer l’utilisation des rentes et des fonds en catégories fiscales efficaces pour atténuer les effets des revenus hautement imposables. De petits ajustements peuvent faire des miracles. Il n’est pas rare qu’en révisant un plan de décaissement stratégique pour retraite qu’on parvienne à dégager 100, 200 et même 500 $ par mois. Voilà un exercice qui en vaut la peine!

C’est souvent de ce côté qu’on découvre les capitaux nécessaires pour pouvoir se payer des assurances maladie et de soins de santé complémentaires sans devoir renoncer à ses petits plaisirs.

À retenir

  • À la retraite, il faut continuer de faire un budget et considérer l’inflation qui affecte ses dépenses.
  • Deux rencontres par an avec un professionnel de la finance personnelle vous aideront à bien gérer vos avoirs.
  • Maximisez votre budget en gérant stratégiquement vos revenus imposables.